Conférence Université du Temps Libre (novembre 2015)
L’évangile gnostique apocryphe de Philippe (copte) fut découvert en 1945 à Nag Hammadi à 60 km au nord de Louqsor (IIème siècle). Philippe, disciple de Jean le Baptiste, fut l’apôtre de Jésus. Il aurait évangélisé la Scythie et la Phrygie, il fut crucifié à Hieropolis.
Dans son Évangile, il évoque les relations hommes-femmes, donne une interprétation de la Réalité et de la vraie Résurrection et confirme que Myriam était sa femme.
« C’est à celui que la femme aime que les enfants ressemblent. Quand c’est son mari, ils ressemblent à son mari, quand c’est un amant, ils ressemblent à son amant. Souvent quand la femme s’unit avec son mari par obligation et que son coeur est auprès de l’amant avec lequel elle s’unit habituellement, celui qu’elle engendre ressemble à son amant. » (traduction de Jean-Yves Leloup)
Son interprétation du phénomène Jésus relève d’une métaphysique qui le place nettement au-dessus des autres apôtres. Ses interprétations de l’au-delà et de la Réalité préfigurent celles des mondes, implicite et explicite, proposées récemment par le grand physicien de la Mécanique Quantique David Bohm.
« Il est impossible que quelqu’un voie la Réalité qui demeure à moins de devenir comme elle. La Vérité ne se réalise pas comme dans le monde, celui qui voit le soleil ne devient pas le soleil, celui qui regarde le ciel, la terre et tout ce qui existe ne devient pas ce qu’il regarde. Mais si tu vois quelque chose dans cet autre espace, tu le deviens… »
Tout n’est qu’apparence, la Vérité n’appartient pas au monde de matière explicite, mais dans cet autre espace, le monde implicite quantique révélé par David Bohm.
« Il est juste de dire que le dedans et le dehors sont un; ce qui serait en dehors du dehors n’existe pas… »
L’Univers est un grand Tout holistique. L’autre espace est le monde implicite quantique, éternel, sans dimensions, sans temps, créateur du monde explicite. L’espace dans lequel nous vivons est un espace régit par le temps, les dimensions et la gravité. Il subit la grande entropie, il est mortel et retournera dans le monde implicite qui l’a créé. Rien ne peut exister en dehors du monde implicite.
Il donne la vraie explication de la résurrection selon Jésus :
« Ceux qui disent qu’on va d’abord mourir puis ressusciter ensuite se trompent. Celui qui n’est pas ressuscité avant de mourir ne connaît rien, il mourra… »
La résurrection n’est pas une résurrection charnelle, elle ne peut être que spirituelle. Chacun doit, avant sa mort, accomplir sa propre résurrection et pour cela, il doit voir quelque chose dans cet autre espace, pénétrer son moi profond en réunissant l’inné et l’acquis grâce au Noûs afin de prendre conscience de son Etat-d’Etre et rejoindre le monde implicite, le royaume du pur qualitatif, du repos et du silence.
« La compagne du Fils est Myriam de Magdala. L’Enseigneur aimait Myriam plus que tous les disciples, il l’embrassait souvent sur la bouche. »
« Ils étaient trois qui marchaient toujours avec l’Enseigneur : Marie, sa mère, la soeur de sa mère et Myriam de Magdala qui est connue comme sa compagne car Myriam est pour lui une soeur, une mère et une épouse. »
Un homme juif, à l’époque de Jésus ne pouvait pas rester célibataire, surtout en étant rabbi. Il n’aurait pas pu enseigner dans le temple, ce que Jésus faisait. Jésus fut certainement marié, Myriam était sa femme. S’il ne l’avait pas été, il ne l’aurait pas embrassée souvent sur la bouche en public.
On comprend que cet Évangile ne fut pas compté parmi les canoniques !