L’action du Seigneur de Durban se déroule au XIII° siècle, dans un Castellas de Beaumes de Venise, alors que la croisade des Albigeois, sous l’autorité de la Sainte Inquisition, et de quelques seigneurs de la langue d’oïl, commet les pires atrocités pour éradiquer l’hérésie cathare.
Le Seigneur de Durban accueille Aymeric du Collet, dernier évêque cathare en fuite pour l’Italie. Hélas, le grand inquisiteur Bernard de Caux retrouve sa trace.
L’action du « Seigneur de Durban » se déroule au milieu du XIIIème siècle alors que la croisade des Albigeois, sous l’autorité de la Sainte Inquisition et de quelques seigneurs de langue d’oïl, commet les pires atrocités pour éradiquer l’hérésie cathare. Elle s’activa également contre les Vaudois de Lyon, les Fraticelles ou spirituels franciscains, les Patarins d’Italie du Nord, les Piphles des Flandres, les Publicains de Champagne et de Bourgogne, les Tisserands du Languedoc, les sorcières, les scientifiques, les devins…
L’origine de cette vague de contestations contre la puissante église catholique doit être recherchée dans la période trouble de l’an mille où, outre les annonces réitérées de la fin du monde, les seigneurs et chefs militaires firent régner la terreur sur le bas peuple du haut de leurs buttes et de leurs donjons fortifiés. L’Eglise lui apporta, dans un premier temps, réconfort et soulagement. Mais, très vite, elle préféra servir la politique des aristocrates et y trouva son compte en s’enrichissant au détriment des pauvres.
Ces derniers, face au laisser-aller des mœurs du clergé, développèrent alors un fort anticléricalisme et furent donc très perméables à tous ceux qui prêchaient pour un monde plus juste et plus pur. L’Apocalypse de Saint Jean qui prédisait l’imminence de l’avènement de l’antéchrist devint l’ouvrage clé des révoltés. Les satires tranchantes des troubadours du Languedoc à l’égard des prélats, et les dogmes incompréhensibles imposés par les théologiens de Rome favorisèrent la naissance d’une multiplicité de sectes dont firent partie les Cathares. Ces derniers se nommaient eux-mêmes : Chrétiens, Pauvres du Christ, Apôtres, Bons Hommes ou Bonnes Dames. Le mot Cathare ne fut introduit qu’en 1848 par Charles Schmidt dans son ouvrage : « Histoire et doctrine de la secte des Cathares ».
La plupart de ces dissidents rejetaient le culte superstitieux des reliques, le culte des idoles sous la forme de statues qui envahissaient les églises (Paul, lui-même, brisait les statues et dénonçait la superstition des « idoles des nations »), rejetaient le baptême des petits enfants non encore doués de raison, prônaient la chasteté et la pauvreté, refusaient l’implication de la religion dans le temporel, contestaient les sept sacrements inventés par l’Eglise catholique, et n’acceptèrent pas l’ensemble des textes sacrés mais choisirent ceux qui leur paraissaient les plus cohérents.
Tout d’abord, ce comportement fut regardé avec intérêt par certains religieux qui furent cependant très vite débordés et incapables de répondre à de nombreuses accusations patentes concernant leurs propres dérives lors de débats publics. Ils qualifièrent les dissidents du nom d’hérétiques, en grec l’hérésie signifie le choix, car ces derniers choisissaient, dans la religion catholique, ce qui convenait à leurs propres croyances et rejetaient les incohérences, c’est-à-dire les dogmes.
L’Eglise eut à faire à forte partie car les contestataires, loin d’être de vulgaires ignorants, appartenaient à toutes les classes de la société, y compris les seigneurs, et étaient souvent plus cultivés que les pères de l’église eux-mêmes !
L’Occident catholique, qui se couvrait d’un blanc manteau d’églises, connut donc une crise majeure qui affectait ses fondations et ses principes.
Il fallut réagir.
Né en Castille, en 1170, dans une famille noble, Dominique de Guzman fut élu, en 1196, chanoine de la cathédrale d’Osma et, c’est à ce titre, qu’il accompagna son évêque en 1203 dans un voyage à Rome. En passant par Toulouse, il constata les progrès foudroyants de l’hérésie cathare. Profondément choqué, il décida de rester sur place pour la combattre. Il fonda un couvent pour les femmes cathares qui avaient abjuré, puis obtint du pape l’autorisation de créer un ordre de prêcheurs qu’il dirigea jusqu’à sa mort en 1221. Pour mieux pénétrer les populations, il adopta certains comportements des parfaits. La première des règles étant la pauvreté, la deuxième étant de porter la bonne parole au milieu du bas peuple, ce qui tranchait singulièrement avec la superbe des prélats de l’église.
Dominique ne fut qu’indirectement à l’origine de l’Inquisition puisque ce n’est qu’en 1233, soit douze ans après sa mort, que le pape Grégoire IX chargea les frères prêcheurs dominicains de poursuivre les hérétiques et de constituer les tribunaux de la Sainte Inquisition.
Aussitôt, les dominicains, voulant frapper les esprits, décidèrent d’exhumer les corps des personnes reconnues hérétiques et les brûlèrent en public. Leur influence fut ensuite prépondérante, tout au long de l’extermination de la secte cathare avec pour point culminant la chute de Quéribus (1255). Ce n’est qu’en 1291 que Philippe le Bel interdit en France la Sainte Inquisition. Malgré cela, la haine de l’hérétique resta tenace. En effet, revenus d’Italie où ils étaient allés suivre une formation, Pierre Authié, et son frère Guilhem, tentèrent, en 1299, de prêcher à nouveau. Pierre fut arrêté en 1309 et brûlé en 1310. Le dernier bûcher allumé fut pour une femme qui fut brûlée en 1325. L’Eglise romaine cessa de se manifester à partir de 1412 ; le dernier noyau cathare est signalé en Bosnie où il disparut avec l’invasion ottomane.
L’Eglise catholique a fini par faire repentance… le 15 mars 2000, pour les lourdes fautes qu’elle avait commises dans le passé. Le pape Jean-Paul II présida une grand-messe avec un rituel spécial et reconnut officiellement et publiquement les crimes passés, les bûchers, les tortures (officialisées par Innocent IV) commis à l’instigation du Saint Siège par l’Inquisition lors des croisades et des évangélisations (Amérique latine en particulier).
Depuis 1998, les archives secrètes du Vatican sont ouvertes aux historiens pour la période antérieure à 1945.
L’action se déroule dans une salle du Castellas, petit château surplombant le village de Beaumes de Venise. (Voir l’addendum de la page 40).