HOMMES, DIEUX et SCIENCE,

11,Le Culte Marial

 

Dans la mythologie chrétienne, Ève, comme Marie, était vierge, c’est-à-dire sans péché. Mais si Eve fut l’hypothétique mère de l’humanité, Marie, elle, donna le jour au fils de Dieu. La perte de la virginité étant synonyme de débauche et de vice, les pères de l’Eglise catholique affirmèrent avec force que Marie ne connut pas l’acte sexuel et n’eut pas d’autre enfant que Jésus.

Le très ancien (milieu du second siècle) protoévangile de JACQUES le Mineur a profondément influé sur l’indispensable pureté de Marie, mère du fils de Dieu, qui fut vierge avant, pendant et après…

« Quand elle, [Marie], eut six mois, sa mère la mit par terre, pour voir si elle tenait debout. Or l’enfant fit sept pas (comme le Bouddha) puis revint se blottir auprès de sa mère… » Un ange apparut et dit : « Zacharie, Zacharie, sors et convoque les veufs du peuple. Qu’ils apportent chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signe en fera sa femme ». Joseph alla rejoindre la troupe, une colombe s’envola de sa baguette et vint se percher sur sa tête, alors le prêtre : « Joseph, tu es l’élu : c’est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. Mais Joseph protesta : j’ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d’Israël ? »

 Alors qu’à la demande des prêtres elle tissait un voile écarlate pour le temple, la voix d’un ange se fit entendre : « Réjouis-toi, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie parmi les femmes…ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant le maître de toute chose. Tu concevras de son Verbe…tu lui donneras le nom de JESUS, car il sauvera le peuple de ses péchés. »

« Le sixième mois de sa grossesse étant venu, voici que Joseph revint de son travail, il vit que Marie était enceinte et, baissant la tête, il se jeta à terre en disant – quel est celui qui a fait cette mauvaise action dans ma maison et qui a corrompu cette vierge? – et il dit à Marie -« Pourquoi as-tu agi de la sorte…pourquoi as-tu ainsi manqué à tes devoirs? …et d’où viens donc que tu as conçu? » Et Marie répondit «  Je prends Dieu à témoin que je ne sais point comment il en est ainsi! »

Marie tomba enceinte fort jeune et il devint important qu’un homme l’adoptât. Ce fut le prêtre qui se chargea de cette mission en convoquant des veufs en oubliant de signaler ce détail. Le sort désigna Joseph qui se rétracta étant donné son âge, il ne voulut pas l’adopter, mais y fut contraint et, sous la menace d’une peine mortelle qui lui serait infligée par Dieu, il accepta. Il découvre la grossesse et accuse Marie d’adultère. Le prêtre l’apprend à son tour et accuse Joseph d’avoir déshonoré la protégée du Seigneur et, malgré leurs protestations, ils furent soumis à l’épreuve rituelle du désert, ordalie que subissaient les adultères, mais ils en sortirent indemnes.

Dans la Bible, Jésus voit le jour dans une grotte de Bethléem et prend le sein de sa mère. La sage-femme qui a accouché Marie rencontre Salomé et lui révèle « qu’une vierge a enfanté, contre la loi de la nature. ». Incrédule, Salomé s’exclame : « Si je ne mets mon doigt et si je n’examine son corps, je ne croirai jamais qu’une vierge a enfanté. ». Marie se prête à cet examen gynécologique et Salomé reconnaît l’évidence : ce fils naît d’une vierge est un Dieu vivant. Salomé fut donc un témoin providentiel!

Cependant, l’Eglise catholique eut fort à faire pour justifier l’immaculée conception, mère de Dieu!

En 431, le Concile d’Éphèse institua le culte marial et, en 1950, l’Eglise catholique officialisa l’Assomption. Autrement dit,  le corps de Marie ne pouvait être soumis à la décomposition qui affecte, après la mort, le commun des mortels.

Cela intervint à une époque où les connaissances en biologie concernant la reproduction et l’irréversibilité de la mort biologique démontraient l’impossibilité d’une telle conception, : après celui de la résurrection, un nouveau dogme venait de naître qu’il fallut croire sans comprendre au risque d’insulter l’intelligence…

La famille génétique de JÉSUS a suscité maintes controverses et polémiques. Joseph, veuf, avait des enfants d’une autre femme qui donc auraient été ses demi-frères et sœurs. Pour certains, compte tenu de son  âge avancé, il n’aurait pu procréer et c’est, pendant son absence que l’un de ses fils aurait engrossé Marie. Pour CELSE (II° siècle) Jésus aurait été le fils d’un légionnaire romain nommé Panthéra. Pour JÉRÔME, les frères seraient les fils d’une autre femme que Marie. Cependant, PAUL, parle de Jacques comme étant le frère (adelfos), et non le cousin  (aneyios). FLAVIUS JOSEPHE (I° siècle)  décrit Jacques comme étant un Juif très pieux et très pratiquant. Pour les catholiques, il ne serait qu’un cousin et non un frère. Il fut probablement le chef de l’Eglise de Jérusalem alors que PIERRE et PAUL étaient reconnus à Rome. La chrétienté naissante se déplaçait rapidement vers le centre du monde.

 

 

JOSEPH

 

 Marié à Marie contre sa volonté et père adoptif de Jésus, Joseph fut volontairement oublié par les pères de l’Eglise. Dans les évangiles synoptiques, seuls Mathieu et Luc parlent de lui. Pour Luc, pour satisfaire au recensement imposé par Rome, il entreprend le voyage de Nazareth à Bethléem. Pour Mathieu, il résidait à Bethléem et ne s’installe à Nazareth qu’après la mort d’Hérode. Entre temps, il aurait fui en Egypte pour éviter le massacre des innocents ordonné par ce dernier qui craignait la naissance d’un enfant héritier de David. Joseph est mentionné pour la dernière fois lorsqu’il effectue un pèlerinage pour présenter Jésus aux prêtres. On peut supposer que Jésus a subi un interrogatoire en vue d’être admis à l’école des prêtres , mais, étant un enfant adopté de père inconnu cette carrière lui fut refusée (Messadier). Etant donné son grand âge, Joseph est très vraisemblablement mort bien avant le ministère public de son fils. Lorsque les pères de l’Eglise ont réalisé un tri sévère parmi tous les écrits qui traitaient de la vie de Jésus, ne retenant que les quatre évangiles dits synoptiques, un grand nombre d’apocryphes de valeur historique traitant de son enfance, de l’homme-Jésus et de son père adoptif, ont dû être consciencieusement éliminés!